Toujours par deux.
Un maître et un apprenti.
Toujours par deux…
Il manque quelque chose, le schéma est incomplet. Je cherche…
Je la vois… son visage se perds dans les brumes pourpres. Je la cherche… elle a disparu…
J’enrage !
Mon corps nu se contracte, plus je sonde mes souvenirs plus je sens les convulsions approcher. La chaleur moite de l’air recyclé me colle à la peau. J’essaie de contrôler mes mouvements malgré les tremblements…
Elle n’a plus de visage – nous n’en avons plus. Je la vois depuis ma cachette. Je ne sais pas ce qu’ils racontent mais je les sens qui taillent notre lien en pièce. Je voudrais hurler, les empêcher de t’emmener, mais les mots restent bloqués.
Que t’ont t’il fait ?
Pourquoi ne résistes-tu pas ?
Je sens les vapeurs pourpres qui me piquent les yeux et les narines.
Je pourrais les réduire à néant d’un seul mouvement. Je dois la protéger ! Mais ma force m’est comme interdite.
Depuis ma cachette, je les vois qui t’emmènent. Il se retourne vers moi. Son regard gris-bleu me glace le sang.
Je suffoque dans ma transe. Mon corps brûle d’avoir poussé si loin dans mes souvenirs.
Je me dresse sur mes jambes, pantin désarticulé.
Je m’accroche, forcenée, et je sens l’acier se déformer sous ma main. Il me faut un moment pour contrôler l’énergie de ma colère.
Ça aurait dû être si simple. Je titube, tourne en rond dans la soute du cargo.
Le vaisseau décrit une lente courbe à l’approche du soleil rouge. La rotation lente laisse finalement entrer la lumière par les hublots rétrécis. Les rais de lumières traversent doucement l’espace et découpent lentement leur passage dans la petite pièce. Les jeux de lumières et les ombres changeantes attisent mes angoisses.
Je reprends une pilule du compartiment de ma ceinture. Les drogues m’aident à tenir. J’en prends trop.
J’en prends trop.
Non, elles m’aident à voir plus clair. Il faut que je me concentre.
Je glisse doucement jusqu’à la table, dressé comme un autel à l’autre bout de la pièce. Il n’y a qu’une chose dessus ; tout ce qu’il reste de mon maître, son sabre laser. Je n’ose plus le toucher. C’est pourtant moi qui l’ai mis là. C’est encore moi qui l’ai arraché à sa main. Ce sont mes doigts qui ont brisé sa poitrine et déchiré son corps avec sa propre arme.
Il le savait. Il l’a attendu. Si j’avais failli, c’est lui qui m’aurait tué. Il en a toujours été ainsi, un maître… Je suis la dernière seigneure Sith, plus puissante que mon maître…
Son sabre m’impressionne toujours. Il semble énorme à côté de ma main. Je sens la puissance de son maître comme emprisonnée à l’intérieur.
Je sens les drogues bouillonner dans mon corps et se diffuser. Un rictus s’installe sur mes lèvres.
Je l’ai tué…
Mon cœur accélère. Une euphorie incontrôlable irradie de mon ventre. Mes poumons brûlent, une douleur, une douce agonie, réconfortante.
J’ai tué Bear Draks.
Mes doigts ont besoin du contact de ce qu’il reste de lui et vainquent ma peur irraisonnée. Son sabre est massif, brutal… mais il n’est pas si gros. Je peux le contrôler, je l’ai déjà fait.
Je sens un picotement entre mes cuisses. Je sens la chaleur dans mes poumons, ma respiration serrée qui trahi mon excitation fébrile.
J’entraîne le sabre avec moi comme si Draks y était encore lié, comme s’il était mon apprenti à présent.
J’ai envie de le faire souffrir, de lui faire traverser les souffrances dont il n’a pas idée. Pas celles qu’il m’a infligées, non, celles qui m’ont rendue plus forte. Celles qui l’ont tué.
Je vais te torturer. Ta puissance ne connaîtra pas de repos dans mes bras et je consumerai ton esprit dans mon corps.
Je le plaque entre mes cuisses, le remonte le long de mon sexe. Chaque sailli sur l’arme m’arrache un plaisir coupable. Je cale l’épais pommeau sur ma vulve et reste sans bouger un long moment.
Mes doigts l’enserrent. Je repense à ses outrages. Je ne bouge pas. Je n’ai jamais cillé.
Il n’est plus qu’un objet entre mes doigts. Un simple outil.
Je jubile. Je danse.
C’est ça, Draks, tu n’auras été qu’un outil pour atteindre mon but.
Je dois retrouver ma sœur…
… et tuer tous les Jedis qui me l’ont enlevé.